« Le crime du comte Neville » d’Amélie Nothomb

L’année dernière, je me suis jurée de ne plus lire Amélie Nothomb. Ses deux précédents romans « Pétronille » et « La nostalgie heureuse »  m’avaient déçue. Après avoir entendu l’auteure à « La grande librairie »,  son nouveau roman m’a fait envie… Bien m’en a pris car j’ai passé un bon moment !  Il faut dire qu’il y a une dizaine d’années, j’attendais avec impatience la sortie de chaque nouveau roman, le jour J, je me précipitais dans la librairie la plus proche et je passais les heures suivantes (plutôt l’heure) à le dévorer. Puis, lassée, je n’en lisais un que de temps en temps, suivant sa disponibilité en bibliothèque…

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Le comte de Neville organise des réceptions comme personne d’autre mais celle de cette année sera la dernière, faute de ressources, sa famille est obligée de quitter le château. Il apprend par une voyante qu’il va tuer un invité lors de cette garden party. Mais qui ? et pourquoi ?

Je ne dévoilerais rien de plus car le livre n’est pas très long…

« Le crime du comte Neville » d’Amélie Nothomb, Albin Michel, 2015. 

« Quatre soeurs » de Malika Ferdjoukh … et Cati Baur

Ce printemps, j’ai découvert une BD que j’ai adorée, tirée de la série de livres de Malika Ferdjoukh  « Quatre soeurs ». Adolescente, j’aurais adoré lire cette tétralogie, mais je n’ai pas pour autant boudé mon plaisir devenue adulte.  Je ne peux donc que conseiller cette série sous le format roman ou BD à un large public. Bon à savoir : en 2010, l’Ecole des Loisirs a réuni en un seul volume les 4 tomes de la série.

malika-ferdjoukh-cati-baur-quatre-soeurs-enid-rue-de-sevres-381x500« Quatre soeurs » c’est l’histoire des cinq filles Verdelaine, orphelines suite à un accident de voiture. Elles habitent une grande maison au bord de la falaise, la Vill’Hervé.  Au quotidien, elles sont chapeautées par la plus grande soeur, Charlie, 23 ans qui répare sans cesse cette vieille maison, éduque ses soeurs, bricole… Les autres ont chacune un caractère bien à elles : Geneviève, 16 ans, est la plus discrète et toutes pensent qu’elle fait du baby-sitting pendant qu’elle prend des cours de boxe thaïe ; Bettina, 14 ans traîne toujours longuement avec ses copines Denise et Béhotéguy dans la salle de bains;  Hortense 11 ans écrit son journal tout en rêvant de devenir comédienne et Enid, 9 ans, parle à l’écureuil et à la chauve-souris qui habitent le grand sycomore du jardin.

 

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Ces romans parlent de mort, de problèmes d’argent, de ruptures amoureuses, d’accident mais aussi d’adolescence, d’amour, d’amitié, d’entraide… Les ados se retrouveront assurément dans l’un ou l’autre personnage et les adultes se souviendront avec émotion qu’elles sont toutes un peu Enid, Hortense, Charlie, Geneviève ou Bettina.

Cette série m’a fait penser à la série de Janine Boissard : « L’esprit de famille ». Si le plaisir de la lecture est identique, les livres de Malika Ferdjoukh sont destinés à un public plus jeune.

« Quatre soeurs » de Malika Ferdjoukh, Ecole des Loisirs, 2010. 

« Quatre soeurs » Tome 1 Enid, Tome 2 Hortense, de Malika Ferdjoukh et Cati Baur, Rue de Sèvres, 2014.   

« La septième fonction du langage » de Laurent Binet

Laurent Binet a choisi ici de réécrire l’Histoire à partir de la mort de Roland Barthes, célèbre sémiologue français. Il construit un roman très déjanté, un brin moqueur, drôle et particulièrement intelligent ! L’intelligentsia française des années 80 en prend pour son grade ! Mais comme le relève l’auteur dans « La grande librairie » :  « En France on a le droit de se moquer de Dieu, on peut bien se moquer de Philippe Sollers ».

Dans ce presque polar, un flic pas très commode, Jacques Bayard, enquête avec un assistant sémiologue de la fac de Vincennes, Simon Herzog. On assiste à une véritable traque à l’homme et au secret. Quelle est donc cette mystérieuse septième fonction du langage qui est l’arme absolue et qui permet de convaincre n’importe qui de n’importe quoi ?

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Sachant que Roland Barthes sortait d’un déjeuner avec François Mitterand, que celui-ci avait été très mauvais lors d’un débat télévisé contre Giscard, que les élections de 1981 approchent et  que Barthes détenait peut-être la septième fonction, l’intrigue prend tout son sens.

N’étant pas une grande connaisseuse des années 80 (à part les dessins animés de l’époque !), j’ai dû me mettre à jour pour situer les personnages les uns par rapport aux autres. Cela étant fait, j’ai dévoré ce roman qui ne manque pas de suspense et d’intérêt. J’ai toujours adoré les cours de linguistique et j’ai redécouvert cette matière avec joie. Je ne suis pas certaine que les non-initiés à la linguistique et à la sémiologie apprécieront de la même manière…Les définitions peuvent devenir lassantes… mais n’empêchent pas la lecture.

« La septième fonction du langage » de Laurent Binet, Grasset, 2015. 

« D’après une histoire vraie » de Delphine de Vigan

Après le grand succès de son dernier livre, l’auteure n’arrive pas à commencer un nouveau roman. En panne d’inspiration ? Epuisée par les séances de dédicace à travers toute la France ? Ecrire après un roman si intime que « Rien ne s’oppose à la nuit » ? Delphine ne se reconnaît plus le soir où elle refuse d’écrire une dédicace à une lectrice arrivée un peu en retard… Choquée par son comportement et très fatiguée, elle accepte de participer à une fête dans l’idée de se défouler toute la nuit en dansant…

 

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C’est ce soir-là qu’elle rencontre sur la piste de danse, L. qui va devenir sa meilleure amie, celle qui la comprendra le mieux, qui la soutiendra, qui devinera ses moindres désirs…

En l’espace de quelques mois, je crois que L. a réussi à avoir une vue d’ensemble assez juste de ma façon de vivre : mes priorités, le temps que je consacrais à chacun, la fragilité de mon sommeil. Si j’y réfléchis, L. s’est très vite positionnée comme une personne ressource : quelqu’un de fiable, d’une rare disponibilité, sur qui je pouvais compter. Quelqu’un qui s’inquiétait de moi, qui offrait son temps, comme aucune autre personne adulte de ma connaissance.

Inutile d’en dire plus… Les trois parties de ce roman, accompagnées d’une citation de « Misery » de Stephen King,  donnent le ton : Séduction, Dépression, Trahison. Les mécanismes psychologiques sont remarquablement bien décrits, on suit pas à pas la lente progression de cette « prise en otage » de l’auteure. Des réflexions sur l’inspiration, le processus d’écriture, le roman et le besoin d’histoires vraies des lecteurs… autant de thèmes qui transparaissent dans ce roman haletant ! A noter le petit clin d’oeil en fin de roman…

Avertissement : Thriller psychologique hautement addictif !

« D’après une histoire vraie » de Delphine de Vigan, JCLattès, 2015. 

« La tête dans les histoires » RTS Kids

La saison 2 de « La tête dans les histoires  » a commencé au début de l’année scolaire en août. Cette émission présente plusieurs fois par semaine un album jeunesse. Une classe de jeunes lecteurs nous présente le livre à leur manière, un narrateur lit des bouts d’histoires et le livre s’anime…

Le site de l’émission

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A la fin de l’émission, plusieurs albums sont suggérés pour poursuivre la réflexion dans la même thématique.

Pour trouver le plein d’idées d’albums  intéressants, rigolos, touchants, beaux…

« La terre qui penche » de Carole Martinez

Comme dans ses deux précédents livres  « Le coeur cousu » et « Du domaine des murmures », Carole Martinez revêt son habit de conteuse pour nous emmener dans un monde enchanteur  où la réalité côtoie le mystère et le merveilleux.

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Source : site de l’éditeur

Dans ce roman, on retrouve le domaine des Murmures avec Blanche dont on sait très rapidement qu’elle est morte à l’âge de douze ans en 1361. Roman à deux voix, son histoire est racontée tantôt par sa voix de petite fille tantôt par sa vieille âme qui s’ennuie dans sa tombe… La jeune fille, éprise de liberté,  est emmenée par son père dans la forêt pour un long voyage mais elle n’en connaît pas les raisons.

Je suis plus petite que je ne l’ai jamais été au château de mon père dont je connaissais chaque recoin et que je ne m’imaginais pas avoir à regretter un jour. Je voudrais m’enfuir dans une coquille de noix pour échapper à ce vertige que me donne le voyage, pour me sentir en place, bien calée entre les choses, emmaillotée comme un poupard. Je voudrais tout ce qui m’exaspérait, naguère. Si j’étais celle que je croyais être, je cracherais au visage de ces brutes et je m’enfuirais. Mais où irais-je ?

 

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« Shola et les lions » / « Shola et la tante d’Amérique » de Bernardo Atxaga

Shola n’est pas une chienne comme les autres, elle parle, elle lit et n’en fait qu’à sa tête !

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Source : site Ricochet

Dans Shola et les lions, elle est persuadée d’être la descendante directe du roi de la savane. Son maître, monsieur Grogo reçoit un jour un ami qui lui raconte avec beaucoup de détails et d’enthousiasme son voyage en Afrique. Shola se reconnaît dans la description du lion : fort, puissant, noble et se demande pourquoi son maître l’appelle toujours « petite chienne ratière ». A partir de ce moment, elle refuse les balades avec son maître car les lions sont paresseux et ne se lèvent que pour se nourrir…, elle ne veut plus aller au parc mais à la forêt, elle attaque les pigeons pour affirmer sa puissance, elle se teint le poil en blond… Un jour,  elle refuse le steack hâché préparé par son maître et part à la chasse… Sera-t-elle toujours persuadée d’être un lion après son aventure ?

Un moment après, elle s’enfonçait dans la forêt, pardon, dans le parc qui était à deux pas de la maison. « Et maintenant, à la chasse !  » se dit-elle. mais si le dire était une chose, le faire en était une autre. Entre dire et faire, il y a une marge, comme on dit, et cette marge – dans le cas de Shola – semblait assez grande. On ne voyait rien dans le parc. Pas un seul canard, pas une seule petite vieille, pas un seul misérable pigeon. La nuit avait fait fuir tout le monde.

Dans Shola et la tante d’Amérique, on découvre une petite chienne qui se qualifie d’animal  libre. Libre de faire ce qu’elle veut, quand elle veut, avec qui elle veut… et qui déclare aimer le bazar ! Son maître, monsieur Grogo l’informe qu’il va recevoir Clémentine, sa tante d’Amérique. Shola est inquiète, est-ce que l’arrivée de cette nouvelle personne va bousculer ses habitudes et restreindre sa liberté ?

Quant à Shola, elle se trouvait dans le salon; plus précisément, sur une étagère de la bibliothèque du salon; et plus précisément encore, sur la plus haute étagère de la bibliothèque du salon. De là-haut, elle avait un aperçu de l’état général de la maison. Etat général qui, de toute évidence, était épouvantable.

A la lecture de ces deux romans jeunesse, j’ai beaucoup souri. Le récit est ironique et plein d’humour. Shola est une chienne attendrissante mais également exaspérante… Ces livres peuvent aussi amener une réflexion plus poussée. Le premier par rapport à l’apparence, le regard des autres, l’estime de soi… le second, autour de la liberté, de celles des autres et du compromis nécessaire pour bien vivre ensemble. Et leur lecture pourrait bien alimenter un débat autour de la cohabitation et de l’individualité de chacun des membres… et pourquoi pas débloquer une situation conflictuelle ?  Ils sont joliment illustrés par Mikel Valverde.

« Shola et les lions » de Bernardo Atxaga, Editions la Joie de lire, 2015. 

« Shola et la tante d’Amérique » de Bernardo Atxaga, Editions la Joie de lire, 2015. 

 

« J’ai chaud… » de Mako Taruishi

Aujourd’hui, j’ai envie de vous parler d’un album que je connais par coeur… Vous savez, CE LIVRE qui remporte tous les suffrages par nos enfants… on peut proposer un nouvel album, le super livre choisi à la bibliothèque, une histoire animée mais non, le choix s’arrête toujours sur le même, le seul , l’unique !

« J’ai chaud » était le livre préféré de mon aîné et je ne sais pas pourquoi et comment, mais il est devenu le préféré du cadet ! Mais qu’a-t-il de si magique ? Des couleurs lumineuses, des illustrations sobres, la répétition du même événement jusqu’au dénouement final ? Je n’en sais rien mais je ne peux que vous le recommander vivement !

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Source : site de l’Ecole des Loisirs

C’est l’histoire d’un pingouin qui a chaud et qui cherche un coin frais. Il trouve de l’ombre et se repose. Mais c’est l’ombre du phoque, qui lui aussi à chaud. Ils s’en vont alors ensemble chercher un coin frais… et cette fois c’est l’hippopotame, puis l’éléphant qui ne sont pas contents du tout d’être envahis dans leur espace ! Enfin, ils découvrent la mer et plongent avec bonheur dans l’eau fraîche.

J’ai découvert cet album par l’abonnement « Bébémax ». Je suis chaque année enchantée de l’Ecole des Max, les abonnements de l’Ecole des loisirs. Les livres sont choisis avec soin et les animations proposées sur le site sont intéressantes. Je vous recommande d’ailleurs celles de ce livre : il y a les modèles pour fabriquer  4 petites marionnettes pour jouer l’histoire et un petit jeu où il faut trouver quel animal plonge dans la mer.  J’utilise aussi régulièrement les pistes pédagogiques pour des activités littérature jeunesse en classe.

Pour prolonger la lecture sur le site de l’école des max cliquez ici

« J’ai chaud » de Mako Taruishi, Ecole des loisirs, 2010. 

« J’ai tué papa » de Mélanie Richoz

Antoine, né le 3 . 3 . 2003, aime le chiffre trois. A la maison il y a trois personnes, maman, papa et lui. Tous les lundis matins, Antoine tue son papa au petit-déjeuner. C’est leur blague avec son papa quand celui-ci annonce : « Et encore une semaine à tuer, Antoine ! « . Semaine après semaine, ils font la même blague car Antoine aime la répétition et apprécie de savoir quand il faut rigoler. Mais ce matin-là, papa ne se relève pas.

J’aime bien blaguer…et j’aime bien que les blagues soient toujours les mêmes; comme ça je sais exactement à quel moment rigoler. Et surtout comme ça,  je sais qu’il s’agit d’une blague.

Nous découvrons ensuite le quotidien d’Antoine, jeune atteint de trouble du spectre de l’autisme, les questionnements de sa maman et les pensées de son papa dans le coma.

Moi qui ai de la peine à supporter le regard d’une seule personne, j’ai perdu les pédales (« perdre les pédales » est une expression qui signifie « paniquer »; parce que non, je ne faisais pas du vélo dans le réfectoire. Je déteste le vélo).

Ce livre sonne très juste et dresse un portrait touchant de ce jeune garçon. C’est intéressant car Antoine est un autiste de haut niveau et il a appris et arrive à expliquer ce qu’il ressent. A l’image de Josef Schovanec, qui est cité en début de livre, il éclaire les personnes ordinaires sur ce qui se passe dans la tête de toutes les personnes extra-ordinaires. On peut mesurer alors les obstacles qui se présentent à toutes les personnes atteintes du spectre de l’autisme et pour lesquelles, il est difficile de communiquer.

Je recommande évidemment ce livre à tous les enseignants qui accueillent un enfant atteint du spectre de l’autisme dans sa classe mais aussi aux ados qui en côtoient dans leur classe et au grand public car il est temps de mieux connaître l’autisme.

« J’ai tué papa » de Mélanie Richoz, Editions Slatkine, 2015.

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Source : blog des Editions Slatkine

Sur le même sujet : 

  • « Le Petit Prince cannibale » de Françoise Lefèvre, Actes Sud, 2005.
  • « Le bizarre incident du chien pendant la nuit » de Mark Haddon, Pocket, 2005.
  • « Je suis né un jour bleu » de Daniel Tammet, J’ai lu, 2009.
  • « Ma vie d’autiste » de Temple Grandin, Odile Jacob, 1999.

Daniel Tammet et Temple Grandin sont des autistes de haut niveau. Leur témoignage est magnifique.

« Le lion et l’oiseau » de Marianne Dubuc

Un jour d’automne, un lion trouve un oiseau blessé dans son jardin. Le temps de le soigner, ses amis se sont envolés vers des terres plus chaudes. Le lion, qui vivait seul, propose à l’oiseau de l’héberger et c’est le début d’une belle amitié. Le temps passe et les deux amis goûtent aux joies de l’hiver et aux petits plaisirs de la vie. Peu après le premier crocus, les oiseaux rentrent de leur périple. L’oiseau rejoint les siens et le lion continue à cultiver son jardin.
Il pense souvent à son ami l’oiseau et est très heureux quand celui-ci s’arrête chez lui dès les premières feuilles tombées au sol.

J’ai tout de suite craqué pour ce livre au stand canadien du Salon du livre et la presse de Genève. La finesse et la délicatesse des illustrations m’ont plongée dans les albums que je lisais dans mon enfance. L’histoire traite de grands thèmes comme l’amitié, la séparation, l’entraide la fidélité et le cycle de la nature. Un magnifique travail !

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Source : http://www.lapasteque.com/jeunesse/#/le-lion-et-loiseau/

«Le Lion et l’oiseau» de Marianne Dubuc, Editions La Pastèque, dans la collection Pamplemousse, 2013.