Olivier Adam est un auteur que je lis régulièrement depuis quelques années. « Les lisières » m’avait agacée et je n’avais pas lu son livre suivant « Peine perdue ». J’ai craqué pour le dernier « La renverse » et je ne le regrette pas. Dans le même laps de temps, j’ai lu un roman jeunesse du même auteur « Comme les doigts de la main ». Il y a un point commun entre les deux livres : le prénom du personnage principal, Antoine. Les histoires par contre sont complètement différentes, l’écriture aussi.
Antoine, 25 ans, s’est réfugié en Bretagne où il travaille comme libraire dans le but de recommencer sa vie et de fuir sa famille. Accoudé à un bar, il apprend la disparition accidentelle de Jean-François Laborde, ancien maire et ancien ministre d’une petite commune parisienne, dont la réputation avait été mise à mal dix ans plus tôt par un scandale de viols et d’abus sexuels. La mère d’Antoine, adjointe au maire à cette époque, avait été mêlée à cette sordide affaire.
Sur fond de scandale politique, Olivier Adam décortique avec justesse cette descente aux enfers qu’a vécue Antoine alors âgé de 17 ans. Il analyse très finement les rouages de la société et les rapports entre les différentes couches sociales : le politicien dénué de scrupules, imbu de lui-même, méprisant et usant de son pouvoir, la mère de famille en quête de reconnaissance sociale, délaissée par un mari indifférent, avide de séduction, Célia et Lydie, les deux jeunes femmes abusées, socialement défavorisées et inévitablement victimes…
Comme souvent chez Olivier Adam, le contraste entre cette petite ville de périphérie et le bord de mer en Bretagne est saisissant. Au fil des pages, on voyage dans des paysages iodés, de falaises, de voiliers et d’autres emplis de gaz d’échappement, de pavillons alignés, de maisons bourgeoises.
Très souvent dans de telles affaires, hélas phénomène assez courant de nos jours, on se focalise sur l’auteur et la victime. Ici, Olivier Adam nous permet de comprendre tous les effets collatéraux engendrés, la destruction de la famille, la perte d’identité, la honte et le mépris des enfants…
Roman social, récit de banlieue et de bord de mer, drame familial, autant de thèmes que l’auteur réussit à nous faire vivre sans tomber dans le jugement facile mais plutôt en nous obligeant à réfléchir différemment. Ce que j’aime chez lui c’est cette analyse sociologique romancée des périphéries.
C’est l’histoire de deux adolescents, Antoine et Chloé, qui se retrouvent dans la même chambre d’hôpital à la veille d’une opération. Ils se « reconnaissent » tout de suite, ils découvrent aussi rapidement qu’ils sont tous deux orphelins de père. Ils n’oublieront pas qu’ils vont vivre la plus belle nuit de leur vie.
Un roman polyphonique où la voix de Chloé alterne avec celle d’Antoine, une histoire facile à lire et destinée à des adolescents. Et un Olivier Adam plus optimiste que l’auteur des romans adultes !
« La renverse » d’Olivier Adam, Flammarion, 2016.
« Comme les doigts de la main » d’Olivier Adam, L’école des Loisirs, 2005.