« Aussi loin que possible » d’Eric Pessan

C’est une histoire d’amitié entre deux adolescents, deux potes qui rigolent et passent de bons moments ensemble. Antoine et Tony partent comme tous les jours au collège. Ce matin-là, ils jettent leurs sacs dans un buisson puis s’élancent dans une course effrénée.

…c’était un jeu.

Une compétition entre nous deux.

On voulait savoir.

Lequel allait craquer en premier, lequel allait s’essoufler, lequel allait renoncer.

 

Mais leur course ne s’arrête pas, ils quittent le quartier, la banlieue, la ville. Ils continuent toujours, sans trop savoir pourquoi. Ce qui était au départ uniquement un jeu, un défi pour se mesurer l’un à l’autre, se transforme en véritable revendication.  Au fil de leur périple, Antoine, le narrateur, nous parle de leurs soucis. Pour Tony, c’est la crainte d’être expulsé avec sa famille vers l’Ukraine qu’il ne connaît pas, pour lui, ce sont les gifles de son père. Finalement, les deux adolescents courent durant une semaine après avoir parcouru 324 kilomètres… la presse les nommera les fugueurs marathoniens.

Ce court roman de 138 pages se lit d’une traite, sans perdre haleine, comme dans une course d’endurance. En lisant, on a vraiment l’impression de courir avec ces deux garçons. J’ai apprécié le changement qui s’opère au cours de leur périple : un simple jeu qui devient une cause sociale et qui se transforme en enjeu politique. Car finalement, c’est bien une analyse de la société que nous livre le narrateur en nous offrant son regard critique et ses réflexions pertinentes. Un roman d’apprentissage qui pose des questions essentielles et qui permettra d’ouvrir de belles discussions avec des adolescents.

« Aussi loin que possible » d’Eric Pessan, Ecole des Loisirs, collection Medium, 2015.

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