« La terre qui penche » de Carole Martinez

Comme dans ses deux précédents livres  « Le coeur cousu » et « Du domaine des murmures », Carole Martinez revêt son habit de conteuse pour nous emmener dans un monde enchanteur  où la réalité côtoie le mystère et le merveilleux.

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Source : site de l’éditeur

Dans ce roman, on retrouve le domaine des Murmures avec Blanche dont on sait très rapidement qu’elle est morte à l’âge de douze ans en 1361. Roman à deux voix, son histoire est racontée tantôt par sa voix de petite fille tantôt par sa vieille âme qui s’ennuie dans sa tombe… La jeune fille, éprise de liberté,  est emmenée par son père dans la forêt pour un long voyage mais elle n’en connaît pas les raisons.

Je suis plus petite que je ne l’ai jamais été au château de mon père dont je connaissais chaque recoin et que je ne m’imaginais pas avoir à regretter un jour. Je voudrais m’enfuir dans une coquille de noix pour échapper à ce vertige que me donne le voyage, pour me sentir en place, bien calée entre les choses, emmaillotée comme un poupard. Je voudrais tout ce qui m’exaspérait, naguère. Si j’étais celle que je croyais être, je cracherais au visage de ces brutes et je m’enfuirais. Mais où irais-je ?

 

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« Shola et les lions » / « Shola et la tante d’Amérique » de Bernardo Atxaga

Shola n’est pas une chienne comme les autres, elle parle, elle lit et n’en fait qu’à sa tête !

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Source : site Ricochet

Dans Shola et les lions, elle est persuadée d’être la descendante directe du roi de la savane. Son maître, monsieur Grogo reçoit un jour un ami qui lui raconte avec beaucoup de détails et d’enthousiasme son voyage en Afrique. Shola se reconnaît dans la description du lion : fort, puissant, noble et se demande pourquoi son maître l’appelle toujours « petite chienne ratière ». A partir de ce moment, elle refuse les balades avec son maître car les lions sont paresseux et ne se lèvent que pour se nourrir…, elle ne veut plus aller au parc mais à la forêt, elle attaque les pigeons pour affirmer sa puissance, elle se teint le poil en blond… Un jour,  elle refuse le steack hâché préparé par son maître et part à la chasse… Sera-t-elle toujours persuadée d’être un lion après son aventure ?

Un moment après, elle s’enfonçait dans la forêt, pardon, dans le parc qui était à deux pas de la maison. « Et maintenant, à la chasse !  » se dit-elle. mais si le dire était une chose, le faire en était une autre. Entre dire et faire, il y a une marge, comme on dit, et cette marge – dans le cas de Shola – semblait assez grande. On ne voyait rien dans le parc. Pas un seul canard, pas une seule petite vieille, pas un seul misérable pigeon. La nuit avait fait fuir tout le monde.

Dans Shola et la tante d’Amérique, on découvre une petite chienne qui se qualifie d’animal  libre. Libre de faire ce qu’elle veut, quand elle veut, avec qui elle veut… et qui déclare aimer le bazar ! Son maître, monsieur Grogo l’informe qu’il va recevoir Clémentine, sa tante d’Amérique. Shola est inquiète, est-ce que l’arrivée de cette nouvelle personne va bousculer ses habitudes et restreindre sa liberté ?

Quant à Shola, elle se trouvait dans le salon; plus précisément, sur une étagère de la bibliothèque du salon; et plus précisément encore, sur la plus haute étagère de la bibliothèque du salon. De là-haut, elle avait un aperçu de l’état général de la maison. Etat général qui, de toute évidence, était épouvantable.

A la lecture de ces deux romans jeunesse, j’ai beaucoup souri. Le récit est ironique et plein d’humour. Shola est une chienne attendrissante mais également exaspérante… Ces livres peuvent aussi amener une réflexion plus poussée. Le premier par rapport à l’apparence, le regard des autres, l’estime de soi… le second, autour de la liberté, de celles des autres et du compromis nécessaire pour bien vivre ensemble. Et leur lecture pourrait bien alimenter un débat autour de la cohabitation et de l’individualité de chacun des membres… et pourquoi pas débloquer une situation conflictuelle ?  Ils sont joliment illustrés par Mikel Valverde.

« Shola et les lions » de Bernardo Atxaga, Editions la Joie de lire, 2015. 

« Shola et la tante d’Amérique » de Bernardo Atxaga, Editions la Joie de lire, 2015. 

 

« J’ai chaud… » de Mako Taruishi

Aujourd’hui, j’ai envie de vous parler d’un album que je connais par coeur… Vous savez, CE LIVRE qui remporte tous les suffrages par nos enfants… on peut proposer un nouvel album, le super livre choisi à la bibliothèque, une histoire animée mais non, le choix s’arrête toujours sur le même, le seul , l’unique !

« J’ai chaud » était le livre préféré de mon aîné et je ne sais pas pourquoi et comment, mais il est devenu le préféré du cadet ! Mais qu’a-t-il de si magique ? Des couleurs lumineuses, des illustrations sobres, la répétition du même événement jusqu’au dénouement final ? Je n’en sais rien mais je ne peux que vous le recommander vivement !

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Source : site de l’Ecole des Loisirs

C’est l’histoire d’un pingouin qui a chaud et qui cherche un coin frais. Il trouve de l’ombre et se repose. Mais c’est l’ombre du phoque, qui lui aussi à chaud. Ils s’en vont alors ensemble chercher un coin frais… et cette fois c’est l’hippopotame, puis l’éléphant qui ne sont pas contents du tout d’être envahis dans leur espace ! Enfin, ils découvrent la mer et plongent avec bonheur dans l’eau fraîche.

J’ai découvert cet album par l’abonnement « Bébémax ». Je suis chaque année enchantée de l’Ecole des Max, les abonnements de l’Ecole des loisirs. Les livres sont choisis avec soin et les animations proposées sur le site sont intéressantes. Je vous recommande d’ailleurs celles de ce livre : il y a les modèles pour fabriquer  4 petites marionnettes pour jouer l’histoire et un petit jeu où il faut trouver quel animal plonge dans la mer.  J’utilise aussi régulièrement les pistes pédagogiques pour des activités littérature jeunesse en classe.

Pour prolonger la lecture sur le site de l’école des max cliquez ici

« J’ai chaud » de Mako Taruishi, Ecole des loisirs, 2010. 

« J’ai tué papa » de Mélanie Richoz

Antoine, né le 3 . 3 . 2003, aime le chiffre trois. A la maison il y a trois personnes, maman, papa et lui. Tous les lundis matins, Antoine tue son papa au petit-déjeuner. C’est leur blague avec son papa quand celui-ci annonce : « Et encore une semaine à tuer, Antoine ! « . Semaine après semaine, ils font la même blague car Antoine aime la répétition et apprécie de savoir quand il faut rigoler. Mais ce matin-là, papa ne se relève pas.

J’aime bien blaguer…et j’aime bien que les blagues soient toujours les mêmes; comme ça je sais exactement à quel moment rigoler. Et surtout comme ça,  je sais qu’il s’agit d’une blague.

Nous découvrons ensuite le quotidien d’Antoine, jeune atteint de trouble du spectre de l’autisme, les questionnements de sa maman et les pensées de son papa dans le coma.

Moi qui ai de la peine à supporter le regard d’une seule personne, j’ai perdu les pédales (« perdre les pédales » est une expression qui signifie « paniquer »; parce que non, je ne faisais pas du vélo dans le réfectoire. Je déteste le vélo).

Ce livre sonne très juste et dresse un portrait touchant de ce jeune garçon. C’est intéressant car Antoine est un autiste de haut niveau et il a appris et arrive à expliquer ce qu’il ressent. A l’image de Josef Schovanec, qui est cité en début de livre, il éclaire les personnes ordinaires sur ce qui se passe dans la tête de toutes les personnes extra-ordinaires. On peut mesurer alors les obstacles qui se présentent à toutes les personnes atteintes du spectre de l’autisme et pour lesquelles, il est difficile de communiquer.

Je recommande évidemment ce livre à tous les enseignants qui accueillent un enfant atteint du spectre de l’autisme dans sa classe mais aussi aux ados qui en côtoient dans leur classe et au grand public car il est temps de mieux connaître l’autisme.

« J’ai tué papa » de Mélanie Richoz, Editions Slatkine, 2015.

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Source : blog des Editions Slatkine

Sur le même sujet : 

  • « Le Petit Prince cannibale » de Françoise Lefèvre, Actes Sud, 2005.
  • « Le bizarre incident du chien pendant la nuit » de Mark Haddon, Pocket, 2005.
  • « Je suis né un jour bleu » de Daniel Tammet, J’ai lu, 2009.
  • « Ma vie d’autiste » de Temple Grandin, Odile Jacob, 1999.

Daniel Tammet et Temple Grandin sont des autistes de haut niveau. Leur témoignage est magnifique.